Charles Leben
This paper is a part of contributions to the Jean Monnet Working
Paper
No.7/00, Symposium: Responses to Joschka
Fischer
Il est rare que la réflexion propre d'un homme politique majeur se dégage des problèmes immédiats et pressants de sa charge pour porter sur des problèmes de fond dont la résolution ne peut être immédiate. Quand tel est le cas, l'analyse dénote alors la capacité à penser à long terme, c'est-à-dire à avoir une vraie vision d'avenir. C'est précisément ce qui fait tout l'intérêt du discours prononcé par le ministre des affaires étrangères allemand, Joschka Fischer, devant l'Université Humboldt de Berlin, le 12 mai 2000.
Nous ne souhaitons pas ici reprendre tous les éléments de cette analyse très riche mais nous fixer uniquement sur les problèmes de théorie de l'Etat qui sont au cur de la réflexion de J. Fischer. Et de la même façon que celui-ci se place délibérément dans le long terme, qu'il prend le soin de souligner qu'il ne s'agit que de réflexions personnelles et que « nul n'a [...] besoin de redouter ces thèses » (p.6 du texte français), nous nous livrerons à une réflexion théorique « au-delà de la Conférence intergouvernementale » comme il le précise encore.
Si on veut résumer la question que le ministre des affaires étrangères d'Allemagne se pose et pose à ses partenaires de l'Union, on pourrait dire la chose suivante: comment rendre les institutions communautaires, plus simples plus transparentes, plus efficaces, plus démocratiques, plus accueillantes pour les candidats, plus efficaces à 30 qu'à 15, tout en permettant de progresser sur la voie de l'intégration et en conservant intacts les Etats-nations? Il y a là un problème qui n'est pas loin de ressembler à celui de la quadrature du cercle.
Pour J. Fischer, la solution est relativement simple: il s'agit de passer du stade actuel de l'Union qu'il analyse, très justement (nous le verrons) comme celui d'une Confédération, à un stade supérieur qu'il dénomme Fédération et dont il nous faudra examiner les caractéristiques. Cependant, avant de le faire, il serait bon de préciser quelle est la source de la majeure partie des dysfonctionnements de la Communauté (ou de l'Union).
© Charles Leben 2000